souvenirs d'un ancien normalien

Publié le par enibouzarea

L’ancien normalien d’Alger

Par Kader Bakou

Nous avons rencontré un ancien normalien.

L'Ecole normale d'instituteurs d'Alger a été créée par décret impérial du 4 mars 1865. Pendant une longue période, elle va fournir la majorité des enseignants du primaire en Algérie, avec le concours de l'Ecole normale de Constantine créée en 1878, puis celle d'Oran en 1933. Quinquagénaire aujourd’hui, Noureddine avait rejoint les bancs de l’Ecole normale d’instituteurs d’Alger en 1969. «Pour avoir le droit de faire des études à l’Ecole normale, il faut être classé premier ou deuxième dans sa circonscription», se souvient- il. Avec nostalgie, il parle de la discipline et de la qualité de l’enseignement dans cette prestigieuse école, dont le directeur, cetteannée-là, était Abdelhamid Mehri. L’internat étant obligatoire, l’élève, dès son arrivée, reçoit deux blouses noires et un numéro de trousseau qu’il doit coudre sur tous les objets lui appartenant (blouses, couvertures, oreillers…). Les journées étaient bien remplies à l’Ecole normale d’instituteurs de Bouzaréah. A 7h, c’est le réveil pour une demi-heure de sport «libre». Après le petit- déjeuner, c’est le début des cours à 8h. De 10h à 10h15, c’est le temps d’une petite récréation dans la cour de l’école. Retour ensuite dans les classes jusqu'à midi, l’heure du déjeuner. A 13h, les élèves retournent dans les classes pour des cours qui durent jusqu’à 17h, entrecoupés par une petite récréation à 15h. Entre 17h et 17h30, c’est le moment de prendre son goûter puis de se reposer un peu. La journée n’est pas encore finie. Les élèves retournent encore dans les classes pour des «études suivies» qui durent jusqu'à 19h, l’heure du dîner puis d’un petit repos au foyer. Encore une heure d’études surveillées, puis c’est la fin de la journée à 21h pile, le temps de rejoindre le dortoir avant l’extinction des feux, à 22h. En plus du programme classique, l’Ecole normale d’Alger dispensait aussi des cours d’agriculture avec des travaux pratiques dans les jardins de l’établissement. L’école avait aussi ses ateliers (menuiserie ferronnerie…). Des «séances cinéma» bimensuelles étaient également organisées au profit des élèves (la salle de cinéma se trouvait dans l’enceinte de l’école). Noureddine n’a passé qu’une année à l’Ecole nationale d’instituteurs de Bouzaréah. «En 1970, Boumediène avait dissous l’Ecole normale, car il était contre l’idée d’une crème de la société et estimait que tous les gens sont égaux», nous a confié l’ancien normalien avec une certaine amertume.

Les élèves «normaliens» seront répartis dansles différents instituts publics. Noureddine deviendra enseignant à l’école Sainte-Monique de Notre-Dame d’Afrique qui est devenue aujourd’hui l’école Lalla Khadidja. Au concours du certificat d’études primaires (CEP), sa classe aura un taux de réussite exceptionnel (seuls deux élèves avaient échoué). A lui seul, il atteint un taux de réussite de 49% quasi équivalent aux 51% de l’ensemble des écoles de la circonscription réunies. Pour résumer, le nombre de ses élèves qui ont décroché le certificat égale presque celui de l’ensemble des écoles de la circonscription englobant les écoles de Bologhine, Notre-Dame d’Afrique et Bab-El-Oued.

Dans les pays développés, on aurait certainement étudié sa méthode d’enseignement et cherché à la comprendre afin de la généraliser aux autres écoles. Aux Etats-Unis on aurait, peut-être fait un film sur lui. Chez nous, Nouredine a été sanctionné après un litige avec une enseignante…

K. B.

bakoukader@yahoo.fr

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